
Les marchés pétroliers sont une fois de plus à la merci des caprices géopolitiques, et le résultat est une volatilité qui menace la stabilité économique. Lundi, les prix du brut ont à peine oscillé avant de terminer en légère baisse, révélant une inquiétude persistante face à un excédent de l’offre et aux tensions internationales. Le baril de Brent a reculé à 64,20 dollars, tandis que le WTI américain a suivi le même chemin à 59,91 dollars. Ce n’est pas une simple fluctuation, mais le symptôme d’une fragilité structurelle.
Les analystes, à l’image de Stephen Schork de The Schork Group, le confirment : « le marché est animé par l’actualité » et « la volatilité s’est vraiment accrue ». Les attaques de drones ukrainiens sur le port de Novorossiïsk, en mer Noire, ont brièvement fait craindre une perturbation majeure de l’approvisionnement, faisant grimper les prix. Cependant, l’illusion d’un impact durable s’est vite dissipée, entraînant un nouveau repli des cours. Une preuve de plus que les événements réels ont un effet éphémère sur un marché déjà saturé.
Pendant ce temps, les sanctions américaines contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, censées déstabiliser l’offre, semblent déjà vidées de leur substance. Washington a bizarrement autorisé la poursuite des activités de Lukoil en Bulgarie jusqu’en 2026. John Evans de PVM Energy ne cache pas son « scepticisme » quant à la pleine application de ces sanctions. C’est un jeu de dupes qui ne fait qu’ajouter à l’incertitude.
Le tableau est sombre : la production mondiale atteint des records, tandis que l’Opep et l’AIE prévoient un excédent de production par rapport à la demande, non seulement cette année mais aussi la suivante. Malgré les tentatives de l’Opep+ de moduler sa production, la réalité est celle d’un marché inondé de brut. Les opérateurs « font le yo-yo entre deux zones de la courbe des prix », résume Schork, pris au piège d’une situation où les enjeux géopolitiques ne sont qu’un prétexte pour des fluctuations de courte durée, masquant une crise de surproduction imminente. La prudence est de mise pour tous les acteurs économiques.








