L’annonce a fait l’effet d’une bombe : Yann LeCun, figure emblématique de l’intelligence artificielle et jusqu’alors responsable de la recherche IA chez Meta, larguera les amarres fin 2025. Un départ qui sonne comme un désaveu cinglant pour Mark Zuckerberg et sa stratégie en matière d’IA. Après douze ans passés à la tête du laboratoire Facebook Artificial Intelligence Research (Fair), LeCun s’apprête à voler de ses propres ailes, misant sur une start-up dédiée aux modèles d’IA capables de saisir les subtilités du monde physique. Est-ce le signe que Meta a perdu son visionnaire ?
Le timing de ce départ est particulièrement révélateur. Il intervient alors que Zuckerberg a opéré une restructuration majeure de ses équipes IA, plaçant Yann LeCun sous la houlette d’Alexandr Wang et réorientant le groupe vers les grands modèles de langage (LLM). Une décision qui a manifestement déplu à LeCun, qui n’a jamais caché son scepticisme face à ces technologies, les jugeant limitées et incapables de provoquer une véritable rupture. Cette divergence stratégique majeure semble avoir scellé le destin de l’ingénieur français au sein de Meta.
Le prix Turing, équivalent du Nobel en informatique, ne suffit apparemment pas à garantir une voix prépondérante chez Meta. LeCun, lauréat en 2018 pour ses travaux sur les réseaux neuronaux, croit fermement aux modèles basés sur l’analyse d’images et de vidéos pour que l’IA puisse réellement comprendre le monde réel. Une vision qui, selon lui, ouvrirait la voie à des avancées majeures en robotique et permettrait aux machines de s’adapter à des situations imprévues. L’échec de Meta à capitaliser sur cette expertise semble être une occasion manquée.
La nouvelle entreprise de Yann LeCun se fixe un objectif ambitieux : « mener à la prochaine grande révolution de l’IA : des systèmes susceptibles de comprendre le monde physique, dotés d’une mémoire permanente, capables de raisonner et de concevoir des actions complexes ». Ce départ fracassant de l’un des esprits les plus brillants de l’IA mondiale laisse un goût amer et soulève des interrogations sur la capacité de Meta à innover et à retenir ses talents face à une concurrence toujours plus féroce.
