Frida-Kahlo-painting-auction
Un autoportrait de Frida Kahlo a atteint un prix record, mais cette vente spectaculaire masque les inégalités persistantes sur le marché de l'art mondial, où les femmes restent désespérément sous-représentées et sous-évaluées.

Un autoportrait de Frida Kahlo, intitulé « Le rêve (La chambre) », a été vendu pour la somme exorbitante de 54,66 millions de dollars chez Sotheby’s à New York. Si cette vente établit un nouveau record pour une œuvre d’art réalisée par une femme, elle met surtout en lumière les profondes inégalités persistantes sur le marché de l’art mondial. Derrière le clinquant de ce chiffre, se cache une réalité bien plus sombre et dérangeante.

Le tableau, datant de 1940, dépeint l’artiste dans un lit flottant, surplombé d’un squelette menaçant. Cette imagerie macabre n’est malheureusement pas surprenante, reflétant la vie de douleur et de souffrance de Kahlo, marquée par la poliomyélite et un terrible accident de bus. Sotheby’s tente de justifier l’inclusion de son œuvre dans le surréalisme européen, malgré les réticences de l’artiste elle-même, une tentative de plus de catégoriser et de dénaturer l’art selon des critères occidentaux.

Ce record, bien que présenté comme une victoire, est en réalité une illustration frappante du sexisme systémique dans le monde de l’art. Sur 162 œuvres ayant dépassé les 50 millions de dollars, aucune n’était l’œuvre d’une femme. Et sur 468 ayant franchi les 30 millions, seules quatre étaient signées par des femmes, soit moins de 1 % ! Ces chiffres sont un véritable camouflet pour l’égalité et la reconnaissance des artistes féminines. Même les figures emblématiques du XXe siècle, comme Georgia O’Keeffe ou Louise Bourgeois, peinent à atteindre les sommets réservés aux hommes.

Alors que le « Salvator Mundi » attribué à Léonard de Vinci s’est envolé pour 450 millions de dollars, les œuvres des femmes restent désespérément sous-évaluées. Le cas de Frida Kahlo, malgré son record, ne fait que souligner le fossé abyssal qui sépare la valorisation des artistes masculins et féminins. Ce n’est pas une célébration, mais un rappel brutal du chemin qu’il reste à parcourir pour une véritable équité dans le monde de l’art.