L’illusion de la solidarité : alors que la France vante son système de protection sociale, la réalité du chômage révèle un labyrinthe d’aides inefficaces. L’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), censée soutenir les demandeurs d’emploi en fin de droits, s’inscrit dans un ensemble de dispositifs si complexes qu’ils entravent le retour à l’emploi plutôt qu’ils ne le facilitent. Pendant que l’Allemagne et l’Espagne affinent leurs approches, la France persiste dans l’empilement de mesures, créant une bureaucratie qui décourage et isole les plus vulnérables.
L’Unédic pointe du doigt cette logique défaillante. L’assurance-chômage, financée par les cotisations, vise à maintenir un certain niveau de vie. Mais l’assistance chômage, elle, se contente de garantir un minimum vital, une maigre pitance tirée de l’impôt, sans réelle vision à long terme. Cette distinction, loin d’être un gage d’efficacité, souligne l’incapacité du système à proposer une transition fluide et motivante vers l’activité professionnelle. L’ASS et le RSA se cumulent partiellement, ajoutant une couche de complexité à un édifice déjà bancal.
Les experts sont unanimes : cette accumulation de règles techniques et de dispositifs hétérogènes est un frein majeur. Bruno Coquet, économiste à l’OFCE, dénonce l’absence d’incitations claires à retravailler. Comment s’étonner de la stagnation de l’emploi quand le système lui-même est un dédale administratif ? La France, contrairement à ses voisins européens comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, ne module même pas ses aides en fonction de la composition du foyer, préférant renvoyer vers d’autres allocations, augmentant encore la fragmentation et le manque de lisibilité.
Ce système fragmenté et opaque est un aveu d’échec. Il ne soutient pas, il maintient à flot, et encore. La France doit impérativement revoir sa copie et simplifier drastiquement ses aides pour le chômage, si elle veut réellement voir ses demandeurs d’emploi retrouver le chemin du travail. Sans une réforme profonde, le piège de la précarité continuera de se refermer sur des milliers de citoyens, piégés par un système censé les aider.
