
Paris, capitale autrefois louée pour son dynamisme commercial, glisse inexorablement vers un abîme économique, malgré une densité de commerces sans égale en France. Alors que l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) vantait en 2023 ses 28 commerces pour 1 000 habitants, cette façade cache une réalité bien plus sombre : le surtourisme et la spéculation immobilière sont en train de tuer à petit feu l’âme commerciale de la ville lumière. Ce qui semblait être une force, un tissu dense et diversifié, est aujourd’hui son talon d’Achille, incapable de résister aux pressions destructrices.
Marie-Sophie Ngo Ky Claverie, du Medef Paris, tente d’expliquer cette surdensité par l’afflux quotidien de non-résidents. Mais cette explication élude le véritable problème : la fracture croissante entre les besoins des Parisiens et ceux des hordes de visiteurs. Cet équilibre précaire, vital pour la survie du commerce local, est désormais rompu, menaçant de transformer Paris en un simple décor pour touristes fortunés, dénué de toute vie authentique.
Le naufrage du BHV en est la preuve la plus éclatante. Ce grand magasin historique, fondé en 1856, agonise sous nos yeux, victime d’une gestion catastrophique. Frédéric Merlin, en rachetant l’établissement fin 2023, a délibérément ignoré la complexité de sa clientèle, préférant une stratégie événementielle déconnectée de la réalité. La polémique autour de l’installation de Shein, le départ en chaîne des marques traditionnelles et le désengagement de la Banque des territoires ne sont que les symptômes d’une descente aux enfers. Le BHV n’est plus qu’un fantôme de son passé glorieux, un symbole tragique du déclin commercial parisien, qui semble désormais inéluctable.






