
Laurent Wauquiez, chef des députés Les Républicains, a lancé une offensive controversée ce lundi, en déposant une proposition de loi visant à interdire le port du voile aux mineures dans l’espace public. Une initiative qui, loin de faire l’unanimité, s’annonce déjà comme un échec cuisant sur le plan constitutionnel, et dont l’examen rapide semble hautement improbable. Cette tentative de régulation des libertés individuelles est perçue par de nombreux experts comme une intrusion flagrante dans la sphère privée et religieuse.
Le texte de Wauquiez, qui entend modifier la loi de 2010 sur la dissimulation du visage, cible directement « toute tenue destinée à dissimuler la chevelure » imposée ou autorisée par les parents. S’appuyant sur un rapport jugé très discutable concernant les Frères musulmans, il dénonce une augmentation « massive » du port du voile chez les jeunes filles. Il justifie sa démarche par la « protection de l’enfant », la « liberté de conscience » et l’« égalité hommes-femmes », des arguments qui peinent à convaincre face aux principes fondamentaux de la République.
Les juristes sont unanimes : la proposition de loi de Wauquiez est jugée incompatible avec la Constitution française. Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, affirme qu’elle n’a « aucune chance d’être conforme », rappelant que la loi sur la dissimulation du visage a un motif de sécurité, sans cibler de religion. Le texte de Wauquiez, en revanche, vise explicitement le voile islamique, ce qui contrevient au principe fondamental de la liberté de religion. Le professeur Jean-Philippe Derosier souligne la fragilité juridique de cette assimilation du port du voile à une forme d’« asservissement », reconnaissant qu’une adolescente de 16 ans peut le porter par conviction personnelle.
Cette proposition de loi, loin d’apporter des solutions, risque surtout de provoquer des tensions et de relancer des débats déjà houleux, sans aucune perspective concrète d’aboutissement législatif. Une manœuvre politique qui semble davantage destinée à marquer des points dans l’opinion qu’à véritablement faire avancer la législation, et qui met en lumière les profondes divisions au sein de la classe politique française sur des questions aussi sensibles.






