
La nouvelle loi-cadre sur les violences faites aux femmes, présentée par Aurore Bergé, se veut une réponse « prête » face à un fléau persistant. Pourtant, avec ses 53 mesures, on peut s’interroger sur la capacité réelle de ce texte à inverser la tendance. La ministre elle-même admet que les agresseurs « n’ont pas peur » des conséquences de leurs actes, protégés par un système judiciaire défaillant.
Le dépôt de plainte, premier obstacle pour de nombreuses victimes, reste un parcours du combattant. Aurore Bergé reconnaît que les femmes qui osent porter plainte se retrouvent souvent « broyées par le traitement judiciaire » qui leur est réservé. La proposition d’une motivation systématique des classements sans suite, bien que nécessaire, soulève la question des raisons pour lesquelles cela n’était pas déjà la norme. Le manque de moyens et l’impunité sont des problèmes anciens et persistants.
Dans un contexte de signalements d’agressions sexuelles dans le périscolaire, notamment à Paris, la loi entend imposer un contrôle annuel et systématique du casier judiciaire des professionnels au contact des enfants. Une mesure de « tolérance zéro » qui, si elle est bienvenue, met en lumière les failles passées du système. L’absence d’un principe de précaution clair pour les personnes au contact de mineurs et de « majeurs vulnérables » est un constat alarmant.
Ce projet de loi, bien que longuement attendu, interroge sur son efficacité à transformer radicalement une situation qui a vu une augmentation préoccupante des féminicides conjugaux. Les promesses de « mieux former, mieux détecter, mieux prévenir et mieux sanctionner » résonnent comme un aveu des insuffisances actuelles. Il est impératif que ce texte ne reste pas une simple déclaration d’intention et que les ressources nécessaires soient allouées pour garantir une réelle protection des victimes. Car, si les bourreaux doivent enfin « avoir peur », les victimes, elles, attendent une justice qui les respecte et les protège réellement.






