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L'audience cruciale concernant Shein a été ajournée, révélant les hésitations de l'État face aux scandales de produits illégaux, dont des poupées sexuelles d'apparence enfantine.

L’audience cruciale concernant Shein, prévue au tribunal judiciaire de Paris, a été brutalement ajournée au 5 décembre. Ce report, surprenant et critiqué, résulte d’une demande de l’avocat de l’État, affirmant avoir reçu trop tardivement les arguments de défense du géant de la fast-fashion. Une excuse qui sonne faux pour les avocats de Shein, qui dénoncent un « volte-face total » du gouvernement, pourtant si prompt à réclamer la suspension du site pendant trois mois. Cette demande de blocage, initiée après la découverte alarmante de poupées sexuelles d’apparence enfantine et d’armes de catégorie A sur la plateforme, semble s’effondrer sous le poids des hésitations. Le ministère public, contre toute attente, a déclaré qu’il ne s’associerait pas à la requête gouvernementale, laissant planer un doute sur la détermination des autorités.

Le scandale éclaté le 31 octobre a pourtant déclenché une avalanche de procédures contre Shein. La Commission européenne elle-même a exigé des explications, craignant un « risque systémique pour les consommateurs dans toute l’Union européenne ». Pourtant, malgré les risques avérés – des peines pouvant aller jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende pour la vente de contenu pédopornographique, et trois ans de prison et 75 000 euros d’amende pour l’absence de filtrage pour les mineurs et la vente d’armes – la justice française semble peiner à prendre une décision ferme. Cette procédure n’est « pas une fin en soi », avait pourtant claironné le ministère de l’Économie, assurant que le gouvernement était en « ordre de marche » contre les « dérives systémiques » de ces plateformes.

L’État, confronté aux difficultés de pouvoir d’achat des Français, se retrouve pris au piège de ses propres contradictions. D’un côté, il prétend vouloir garantir des produits « légaux » et « conformes », de l’autre, il se montre incapable d’agir avec la fermeté nécessaire contre des pratiques potentiellement criminelles. Si l’assignation en justice est censée être un outil puissant, son application contre Shein, et bientôt contre AliExpress et Joom pour des faits similaires, se révèle laborieuse. Une première « victoire » avait été revendiquée après le retrait des produits incriminés et la suspension de certaines ventes, mais l’impression générale est celle d’une réponse timide face à l’ampleur du problème. Les consommateurs, eux, continuent d’être exposés aux dérives de ces plateformes.