
Le marché de l’art, moribond depuis trois ans, a connu un soubresaut trompeur avec la vente stratosphérique du Portrait d’Elisabeth Lederer de Gustav Klimt. Ce chef-d’œuvre, peint entre 1914 et 1916, s’est arraché pour 236,4 millions de dollars chez Sotheby’s à New York, se hissant au rang de deuxième œuvre d’art la plus chère de l’histoire. Une somme colossale qui masque mal les difficultés persistantes d’un secteur fragilisé.
Malgré les applaudissements de circonstance et la bataille acharnée entre six acheteurs, ce montant phénoménal ne parvient pas à éclipser le record écrasant du Salvator Mundi de Léonard de Vinci, vendu 450 millions de dollars en 2017. Cette vente, bien que spectaculaire, ne constitue qu’une infime éclaircie dans un panorama globalement sombre. Les rapports récents des experts soulignent une contraction inquiétante du marché mondial de l’art, avec une baisse des ventes de 12 % en 2024 après un recul de 4 % en 2023.
Les analystes pointent du doigt une prudence généralisée des collectionneurs face aux incertitudes économiques et géopolitiques. Le segment haut de gamme, jadis moteur du marché, a subi une chute drastique, les ventes d’œuvres de plus de 10 millions de dollars ayant plongé de 45 % en valeur. Ce n’est donc pas une véritable reprise qui se dessine, mais plutôt un frisson éphémère alimenté par des pièces exceptionnelles et rares. Le marché reste l’otage d’un petit nombre d’œuvres iconiques, incapable de retrouver une dynamique durable et généralisée.
Les maisons de ventes aux enchères peinent à attirer les acheteurs pour des choix plus conservateurs. La réalité est que la majorité des transactions et des chiffres témoignent d’une crise de confiance qui s’installe, où même les grands noms de l’art ne peuvent garantir qu’un succès isolé, loin d’une véritable revitalisation du secteur.






