
Une récente analyse de l’INED révèle une réalité alarmante : l’épargne constituée pour les enfants, souvent présentée comme un geste d’amour parental, est en réalité un miroir des inégalités sociales. Loin d’être un privilège accessible à tous, ce « gâteau » de l’épargne est accaparé par une minorité, creusant déjà un fossé financier avant même l’âge adulte.
Alors que plus de la moitié des enfants français (un sur deux) seraient bénéficiaires d’une épargne en leur nom, les chiffres bruts cachent une vérité bien plus sombre. L’étude, menée sur près de 29 000 enfants, montre qu’à peine 35 % des nouveau-nés possèdent un produit d’épargne, un chiffre qui grimpe à 72 % pour les adolescents de 16-17 ans. Mais la possession ne garantit en rien l’équité.
Les livrets d’épargne, produits de loin les plus répandus, offrent des rendements misérables, tandis que seuls 2 % des enfants bénéficient de placements plus rémunérateurs comme l’assurance-vie. Cette prudence excessive ou ce manque d’accès à des options plus rentables condamne une majorité d’enfants à une épargne stagnante, quand elle n’est pas purement symbolique.
Les disparités sont criantes et indécentes. Si la moyenne nationale de l’épargne par enfant s’établit à 1 300 euros, ce chiffre est un leurre. La moitié des enfants ne possède rien ou presque, tandis que les 10 % les plus « gâtés » (un euphémisme pour les plus privilégiés) détiennent plus de 3 150 euros. Chez les adolescents, cette élite concentre plus de 6 000 euros, quand la majorité peine à atteindre la moyenne. Cette concentration ahurissante fait que les 10 % les mieux dotés raflent 74 % de l’épargne totale destinée aux enfants. Une concentration de la richesse qui se forge dès le plus jeune âge, alimentée par l’opulence des parents. L’étude le confirme sans appel : 87 % des enfants issus des 10 % des ménages les plus aisés disposent d’une épargne, contre seulement 60 % pour les foyers moins favorisés. Le système actuel ne fait que perpétuer les inégalités, transformant l’épargne des enfants en un triste indicateur de la fracture sociale.







