
La promesse d’une juste récompense pour le travail accompli s’envole, laissant place à une amère réalité : les augmentations de salaire sont devenues une denrée rare. Depuis deux ans, les budgets alloués aux revalorisations salariales ont fondu, plongeant salariés et managers dans une frustration palpable. Cette situation n’est pas seulement un coup dur pour le portefeuille des employés, elle érode également le sens même du management, privant les chefs d’équipe de leur capacité à motiver et reconnaître leurs subordonnés.
La phrase redoutée par tout salarié lors de l’entretien annuel, «l’enveloppe est petite, je ne garantis rien», est désormais monnaie courante, synonyme de non-augmentation dans la grande majorité des cas. Ce constat est d’autant plus accablant qu’il ne se limite plus aux mauvais élèves. Même les plus performants, ceux qui se sont dévoués corps et âme toute l’année, se voient refuser toute progression. Les primes, autrefois maigre consolation, disparaissent également.
Pour les managers, la pilule est tout aussi difficile à avaler. Alexandre, chef de service dans une entreprise de graphisme, en témoigne. Sa philosophie, basée sur la justice et la récompense des éléments méritants, est désormais inapplicable. La consigne est claire : zéro augmentation nominative. La faute à une crise économique persistante et un manque de budget criant. Cette incapacité à récompenser les efforts anéantit l’esprit d’équipe et la motivation, transformant le rôle du manager en simple porteur de mauvaises nouvelles. La désillusion est générale, et le sentiment que le travail ne paie plus s’installe, menaçant la productivité et l’engagement des employés.