
Le monde feutré de la philatélie est à nouveau secoué par une série d’événements qui soulignent la fragilité et la spéculation grandissantes de ce marché de niche. Le Timbre classique, un acteur majeur, orchestre non pas une, mais quatre ventes aux enchères qui promettent de faire couler beaucoup d’encre, révélant au passage des pratiques douteuses et des estimations parfois déconnectées de la réalité. Les collectionneurs sont avertis : entre les faux timbres de Jean de Sperati et les prix astronomiques, la prudence est de mise.
Dès le 2 décembre, une première vente dévoile des « clichés d’impression sur plaques de verre » ayant servi à fabriquer des contrefaçons, un rappel sombre des risques inhérents à cet univers. Ces reliques de la fraude, estimées à des centaines d’euros, côtoient des maquettes de « Marianne » à 500 euros, un prix de départ qui interroge sur la surenchère. Une lettre de Francis Garnier, estimée à 450 euros, et une autre, chargée du rapatriement de son corps, à 1 300 euros, illustrent un business macabre autour de l’histoire.
La seconde vente, axée sur les collections, promet des records avec un ensemble de timbres de France de 1849 à 2021, estimé entre 20 000 et 30 000 euros. Un tel montant, défiant la raison, met en lumière une bulle spéculative potentielle. Les Terres australes et antarctiques françaises, avec des collections atteignant 2 000 euros, confirment cette tendance à la hausse injustifiée.
Le 3 décembre, la Suisse sera le théâtre d’une vente où un « Double de Genève » est proposé à 7 000 francs suisses, un chiffre qui laisse pantois. Enfin, la vente sur offres du 9 décembre, avec ses 2 783 lots, semble vouloir vider les greniers à tout prix. Des timbres modernes aux « Marianne » non émises, en passant par des reliques de la guerre franco-prussienne, comme ce pli naufragé du Jacquard à 2 000 euros, le catalogue est un défilé de pièces dont la valeur est parfois tirée de leur propre tragédie.
Même La Poste participe à cette frénésie. Le feuillet de Saint-Pierre-et-Miquelon, vendu 200 euros, se retrouve à plus de 400 euros sur eBay quelques jours plus tard. Les timbres NFT, initialement à 8 euros, s’envolent à 20 euros. Ces exemples récents montrent une spéculation effrénée, transformant le timbre en un simple produit financier, au détriment de sa valeur culturelle et historique. Le marché du timbre, loin d’être un havre de paix, est un véritable champ de bataille où les collectionneurs doivent naviguer entre les arnaques, les prix exorbitants et une spéculation galopante.






