
Le gouvernement, sous la pression populaire et politique, a été contraint de suspendre la hausse de la taxe foncière initialement prévue. Une décision tardive et forcée, qui intervient après un véritable tollé général et met en lumière l’impréparation et l’opacité des réformes fiscales. Sébastien Lecornu a annoncé, devant le Sénat, un report jusqu’au printemps prochain, le temps d’élaborer une « nouvelle méthode » de calcul, prétendument plus locale. Cette volte-face illustre les difficultés du gouvernement à imposer des mesures impopulaires sans susciter une opposition frontale.
La hausse, qui devait affecter 7,4 millions de logements dès 2026, résultait d’une mise à jour des fichiers par le ministère de l’Économie. Bercy avait initialement justifié cette augmentation par une volonté « d’efficacité et d’équité », arguant que chacun devait payer « selon le type de logement qu’il détient ». Une justification qui sonne creux, face à l’incompréhension et la colère des propriétaires. Le système de revalorisation des bases locatives, inchangé depuis 1959, est aujourd’hui jugé « caduc », mais il aura fallu attendre une levée de boucliers pour que le gouvernement s’en rende compte.
Les « éléments de confort » tels que l’eau courante ou l’électricité, qui augmentent artificiellement le nombre de mètres carrés imposables, ont été pointés du doigt comme des facteurs d’iniquité. Monsieur Lecornu lui-même a admis que ces règles « déconnectées de tout sens commun » finissent par miner le « consentement à l’impôt ». Une déclaration qui met en évidence l’échec de l’administration à créer un système fiscal compréhensible et juste. La consultation annoncée avec les parlementaires et élus locaux n’est qu’un pansement sur une plaie béante, une tentative désespérée de rassurer une population exaspérée.
L’opposition n’a pas manqué de fustiger cette gestion catastrophique. Mathieu Darnaud (Les Républicains) a qualifié ce mode de calcul de « chef-d’œuvre de cynisme », tandis que Jordan Bardella (Rassemblement national) a revendiqué l’annulation de cette « scandaleuse hausse ». Même au sein de la majorité, Gabriel Attal (Renaissance) a salué cette décision, comme s’il s’agissait d’une victoire plutôt que d’un recul. Cette cacophonie politique ne fait qu’accentuer le sentiment d’improvisation et d’incertitude quant à l’avenir de la fiscalité locale.






