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L'Union africaine a suspendu la Guinée-Bissau après un coup d'État militaire chaotique, ravivant les craintes d'une instabilité politique et de violations des droits de l'homme dans le pays.

L’Union africaine (UA) a frappé la Guinée-Bissau d’une suspension immédiate suite au coup d’État militaire qui a éjecté le président Umaro Sissoco Embalo. Cette décision intervient alors que le pays s’enfonce de nouveau dans un chaos politique et sécuritaire, un scénario malheureusement trop familier pour cette nation ouest-africaine.

Mercredi, des militaires ont brutalement pris le pouvoir, annulant les élections présidentielle et législatives, dont les résultats étaient pourtant imminents. Un acte flagrant de violation des principes démocratiques, dénoncé par l’UA et la Cedeao, qui a également suspendu le pays de ses instances décisionnelles.

Le général Horta N’Tam a été désigné à la tête d’un Haut Commandement militaire, instaurant une transition dont la légitimité est déjà contestée. Ilidio Vieira Té, ancien ministre des finances d’Embalo, se retrouve propulsé Premier ministre, cumulant les fonctions dans un gouvernement de facto. Une situation qui sent le roussi, comme le souligne le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, y voyant une possible « combine » pour torpiller le processus électoral.

L’ancien président Embalo a trouvé refuge au Sénégal, mais la situation reste tendue en Guinée-Bissau. Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, tire la sonnette d’alarme : au moins 18 personnes sont arbitrairement détenues, incluant des membres du gouvernement, des magistrats et des figures de l’opposition. Les violations des droits de l’Homme se multiplient, assombrissant encore davantage l’avenir du pays.

Avec son lourd passé de coups d’État et de tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau semble engluée dans un cycle infernal. Cette instabilité chronique, couplée à une pauvreté endémique, continue de faire le lit du trafic de drogue, transformant le pays en plaque tournante de la cocaïne. Une sombre réalité où des responsables militaires ont souvent été mis en cause, perpétuant ainsi un cercle vicieux de corruption et de chaos.