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Emmanuel Macron propose un "référé" judiciaire pour bloquer en 48h les fausses informations sur les réseaux sociaux, soulevant des inquiétudes sur la liberté d'expression et les risques de censure.

Emmanuel Macron a récemment annoncé son intention d’instaurer une action judiciaire en « référé » pour bloquer d’urgence les « fausses informations » et contenus « attentatoires » à la dignité sur les réseaux sociaux. Cette proposition, visant à juger et à faire retirer les publications en 48 heures, soulève de sérieuses questions quant à la liberté d’expression et l’efficacité réelle d’une telle mesure.

Le président français, lors d’un échange avec la presse régionale, a insisté sur l’urgence de cette réforme, affirmant que l’État est actuellement « totalement démuni » face à la désinformation. Cette déclaration survient après des plaintes concernant le harcèlement en ligne et la diffusion de contenus falsifiés, notamment via l’intelligence artificielle, des problèmes auxquels le couple présidentiel dit être lui-même confronté. L’exemple de campagnes de désinformation ciblant Brigitte Macron, allant jusqu’à des rumeurs infondées sur son identité, est fréquemment mis en avant pour justifier cette initiative.

Cependant, la mise en place d’un tel dispositif de « référé » pour le retrait rapide de contenus est perçue par certains comme une pente glissante vers une censure étatique. Si l’intention de protéger les individus du harcèlement et de la désinformation est louable, le risque de dérives et d’abus de pouvoir est bien réel. Qui décidera ce qui constitue une « fausse information » ou une atteinte à la dignité ? Les plateformes seront-elles contraintes d’agir sans un examen approfondi, sous la pression d’une procédure expéditive ?

Le parallèle avec les procédures existantes en période électorale, où les fausses informations peuvent influencer un scrutin, est invoqué. Mais l’extension de ce pouvoir à l’ensemble des contenus en ligne, sans un cadre juridique robuste et des garanties suffisantes, pourrait mener à une restriction inquiétante des échanges sur internet. La question de l’équilibre entre la protection des personnes et la préservation d’un espace de débat libre et ouvert reste posée, avec la crainte que cette nouvelle mesure ne devienne un outil de contrôle, voire de répression, de l’information.