
L’ancien président Nicolas Sarkozy a une fois de plus créé la polémique avec la publication ultra-rapide de son Journal d’un prisonnier. Écrit, édité et imprimé en seulement cinquante jours, ce pavé de 216 pages, paru chez Fayard, défie toute logique éditoriale habituelle. Une performance qui relègue les exploits littéraires de Dostoïevski ou Kerouac au rang d’amateurs. Le livre est sorti le 10 décembre, à peine quelques semaines après le début de sa détention, soulevant des questions sur la précipitation et l’opportunisme de cette démarche.
Ce nouvel opus ouvre un genre inédit dans l’édition française : le livre «post-détention immédiate». Jusqu’à présent, les ouvrages express étaient principalement des récits de campagne électorale ou des biographies posthumes. Sarkozy, lui, a pulvérisé les records, même ceux de Boualem Sansal, qui, après une année de détention en Algérie, n’avait trouvé « que le titre » de son futur livre douze jours après sa libération. Il surpasse également Soljenitsyne, qui avait mis plus de cinq ans pour commencer à rédiger L’Archipel du Goulag après sa propre expérience du goulag, et quinze années supplémentaires pour le publier. Cette rapidité déconcertante du « Journal d’un prisonnier » soulève des interrogations sur la profondeur de la réflexion et la qualité intrinsèque de l’ouvrage, suggérant davantage une opération de communication qu’une véritable œuvre littéraire.
Cette publication éclair intervient dans un contexte de forte tension politique et judiciaire, ajoutant une couche de controverse à la carrière déjà mouvementée de l’ancien chef d’État. Le timing choisi pour cette sortie semble calculé pour maximiser l’impact médiatique, quitte à sacrifier la sobriété que l’on pourrait attendre d’un tel événement. Les critiques ne manqueront pas de s’interroger sur la véritable nature de ce « journal » : un témoignage sincère ou une tentative désespérée de réhabiliter une image déjà bien ternie ?






