
La société française s’enfonce dans une nouvelle ère, celle d’une nation d’héritiers. Depuis les années 1970, le poids des successions s’accroît, scellant le destin patrimonial des citoyens et menaçant la vitalité économique. Mais le plus alarmant, c’est que l’accès aux données fiscales, crucial pour comprendre cette dérive, est désormais refusé aux chercheurs.
Cette situation est un véritable recul, d’autant plus que la France fut jadis un modèle de transparence. Grâce à l’héritage de la Révolution française et la loi de 1790, l’obligation de déclarer toute succession et donation permettait de disposer d’une photographie annuelle précise des patrimoines. Ce système, fondé sur les droits d’enregistrement, garantissait une connaissance universelle des transmissions, quelle que soit leur ampleur. Pourtant, ce précieux héritage est en train d’être dilapidé.
Le travail méticuleux de l’administration fiscale, qui a permis de collecter et publier des données agrégées de 1826 à 1964 – détaillant le nombre, les montants et la distribution des successions – est aujourd’hui compromis. Les précieuses informations sur la répartition des biens, des départements, ou même des tranches de succession, sont devenues inaccessibles. La transparence fiscale, autrefois pilier de notre compréhension économique et sociale, est désormais sacrifiée, laissant planer une ombre sur l’égalité et la justice.







