
Le Sénat a récemment validé la création d’un « statut du bailleur privé », un dispositif censé relancer l’investissement locatif en France. Cependant, cette mesure, bien que présentée comme une solution à la crise du logement, soulève déjà de vives critiques et des interrogations quant à son efficacité réelle et ses potentielles dérives. De nombreux observateurs craignent un simple « effet d’aubaine » pour les promoteurs immobiliers, sans véritable bénéfice pour le marché global de la location.
Le dispositif prévoit un amortissement fiscal annuel de 3,5% pour un logement neuf à loyer intermédiaire, 4,5% pour un logement social et 5,5% pour un logement très social, plafonné à 80% de la valeur du bien et 8 000 euros par an. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, estime le coût de cette mesure à 1,2 milliard d’euros d’ici 2028 pour le seul logement neuf, un chiffre qui interroge sur la rentabilité de l’opération pour les finances publiques.
Malgré l’enthousiasme affiché par le gouvernement, les critiques fusent. Certains déplorent la version « édulcorée » de la proposition initiale des sénateurs, jugée moins avantageuse pour les investisseurs et donc moins incitative. D’autres, plus virulents, estiment que cette mesure est une pure « fumisterie », arguant que des milliers de logements existants seraient déjà disponibles si les propriétaires étaient mieux protégés face aux locataires défaillants. Un point de vue qui met en lumière les lacunes de la législation actuelle et l’absence de solutions concrètes pour les propriétaires confrontés à des impayés ou des dégradations.
La question de l’exclusion des logements anciens du dispositif est également un point de discorde majeur. Alors que le parc immobilier français regorge de biens existants, l’accent mis uniquement sur le neuf pourrait creuser davantage le fossé entre les zones urbaines tendues et les territoires ruraux. Cette approche sélective risque de ne pas résoudre la pénurie de logements locatifs dans son ensemble, mais plutôt de créer des distorsions de marché et de favoriser une spéculation immobilière déjà galopante.






