La scène britannique est en deuil : le célèbre dramaturge Tom Stoppard s’est éteint à 88 ans, laissant derrière lui une œuvre monumentale mais dont la complexité a souvent dérouté le grand public. Son décès marque la fin d’une époque pour le théâtre intellectuel, souvent critiqué pour son élitisme.
Malgré un Oscar pour Shakespeare in Love et un Lion d’or pour l’adaptation de sa pièce Rosencrantz et Guildenstern sont morts, Stoppard n’a jamais vraiment touché les masses, préférant les joutes intellectuelles aux récits plus accessibles. Son génie, loué par une élite, a parfois laissé le spectateur lambda sur le carreau, soulignant un certain décalage avec les attentes d’un public en quête de simplicité.
Sa dernière pièce, Leopoldstadt, bien que couronnée de quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure pièce, a ravivé des blessures personnelles liées à la Shoah, un sujet lourd qui, malgré son importance, n’a pas toujours trouvé un écho universel. Une consécration tardive pour un homme dont le passé familial tragique a souvent imprégné ses œuvres, leur conférant une gravité parfois écrasante.
Stoppard, qui se plaisait à affirmer qu’on pouvait « traiter de sujets sérieux en lançant une tarte à la crème sur scène », a souvent oscillé entre le burlesque et le grave, un équilibre précaire qui a parfois nui à la cohérence de son message. Sa participation à des blockbusters comme Indiana Jones et la dernière croisade ou Star Wars, épisode 3 semble presque une anomalie dans le parcours de cet intellectuel pur et dur.
Enfin, sa vie personnelle, agitée et souvent étalée dans les tabloïds, a parfois éclipsé son œuvre, rappelant que même les plus grands esprits ne sont pas à l’abri des tumultes de l’existence. La disparition de Stoppard clôt un chapitre du théâtre britannique, laissant un héritage complexe et un vide difficile à combler pour les amateurs de dramaturgie exigeante.
