
Face à la crise rampante du système de santé français, Ivry-sur-Seine semble, à première vue, tirer son épingle du jeu. Le centre municipal de santé (CMS) Fanny-Dewerpe, avec ses 1 350 mètres carrés rénovés, se dresse comme un fragile rempart contre le désert médical qui gangrène les banlieues parisiennes. Un luxe apparent, loin des réalités vécues par des millions de Français.
Ce bâtiment de briques rouges, accolé à la cité Maurice-Thorez, abrite une palette de services qui devrait être la norme, mais est devenue une exception inquiétante : médecine générale, psychologie, kinésithérapie, dentaire, soins infirmiers, laboratoire d’analyses, gynécologie… Tout y est, ou presque. Les témoignages de patients, comme Samila Marrapodi, fréquentant le centre depuis son enfance, soulignent la dépendance critique des habitants envers ces structures. « Au prix où sont les spécialistes, c’est précieux d’avoir le CMS à proximité avec tous les services sur place », confie-t-elle, révélant la faiblesse structurelle du système de santé libéral.
Catherine Renard, victime d’un accident vasculaire cérébral en 2020 et sans médecin traitant, a trouvé refuge au CMS. Son expérience, positive en apparence, masque une vérité amère : l’absence de médecin traitant est un fléau qui touche de plus en plus de citoyens, contraints de chercher des solutions d’urgence, faute de suivi régulier. Si Ivry-sur-Seine parvient pour l’instant à offrir une alternative, la fragilité de ce modèle face aux coupes budgétaires et à la pénurie de personnel soignant reste une menace latente. Le système de santé français, loin d’être rétabli, continue de reposer sur des initiatives locales, laissant entrevoir un avenir incertain pour l’accès aux soins.






