
Alors que les consommateurs subissent une hausse généralisée des prix de l’assurance automobile, habitation et santé, un phénomène étrange se produit sur le marché de l’assurance emprunteur : une baisse continue et spectaculaire des primes. Selon le cabinet Actélior, cette diminution a atteint 40 % entre 2010 et aujourd’hui, un contraste saisissant avec l’inflation ambiante. Cette anomalie est le résultat direct d’une série de lois visant à libéraliser un marché autrefois dominé par les banques, la Loi Lemoine de 2022 étant la dernière pierre à l’édifice de cette dérégulation.
Avant 2010, les banques régnaient en maîtres absolus, refusant systématiquement toute tentative de changer d’assurance emprunteur, à moins que vous ne soyez un profil client de choix. La Loi Lagarde, en 2010, a timidement ouvert la porte à la concurrence, permettant de choisir un assureur externe. Puis, en 2014, la Loi Hamon a accordé un droit de rétractation d’un an, autorisant les emprunteurs à changer de prestataire durant la première année du prêt. Ce fut le début d’une lente érosion des tarifs, avec des baisses de 20 % à 41 % selon les profils, constatées dès 2020. Enfin, la Loi Lemoine a sonné le glas du monopole bancaire, rendant possible la résiliation et le changement d’assurance à tout moment, sans frais ni préavis. Malgré ces avancées, la domination des bancassureurs reste écrasante, détenant toujours une part de marché significative.
Cette situation soulève des questions sur la véritable efficacité de ces réformes. Si les prix baissent, pourquoi les banques maintiennent-elles une telle emprise sur ce secteur ? Est-ce une véritable libéralisation ou une simple adaptation forcée qui leur permet de conserver l’essentiel du gâteau ? Les consommateurs, bien qu’ils bénéficient de tarifs réduits, doivent rester vigilants face à des pratiques qui pourraient encore limiter leur liberté de choix et les priver d’économies encore plus substantielles. La transparence promise par ces lois est loin d’être totale, et la complexité des offres persiste, rendant la comparaison difficile pour l’emprunteur lambda.