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La filière viticole européenne est en crise profonde. Le plan de soutien de l'UE, jugé insuffisant, peine à rassurer face au dérèglement climatique et à la chute de la consommation.

La filière viticole européenne, déjà fragilisée, se retrouve prise au piège d’une crise sans précédent. Le Parlement européen et les Vingt-Sept ont finalement validé un plan de soutien, jugé par beaucoup comme insuffisant et tardif. Alors que les vignerons luttent contre le dérèglement climatique, la baisse alarmante de la consommation d’alcool et les lourdes taxes américaines, les mesures proposées ressemblent davantage à un pansement sur une jambe de bois qu’à une véritable stratégie de redressement.

La Commission européenne, après des mois d’attente, a annoncé des mesures qui peinent à convaincre. La flexibilité accordée pour l’arrachage des vignes, présentée comme une solution pour réguler l’offre excédentaire, sonne comme un aveu d’échec face à une production qui ne trouve plus preneur. « Nous donnons au secteur des outils pour faire face à la profonde crise qu’il traverse », a déclaré l’eurodéputée Esther Herranz Garcia, masquant mal l’ampleur du désastre. L’augmentation du plafond des aides pour l’adaptation aux changements climatiques, passant de 50 % à 80 %, bien que nécessaire, intervient alors que de nombreux exploitants ont déjà subi des pertes irréversibles.

Mais la véritable déroute semble venir de la promotion forcée du vin sans alcool. Bruxelles, dans sa quête d’adaptation aux « nouveaux modes de consommation », pousse une harmonisation de l’étiquetage pour ces produits. Le terme « sans alcool » pour une teneur inférieure à 0,05 % et « à teneur réduite en alcool » pour les produits à 0,5 % ou plus, mais réduits de 30 %, témoigne d’une course effrénée à la dilution de l’identité du vin. L’UE encourage même l’« innovation » avec des produits aromatisés à base de rosé, diluant encore plus l’héritage et le savoir-faire viticole européen.

Avec 60 % de la production mondiale, l’Europe est le premier producteur et consommateur de vin, mais cette position est menacée. Un rapport récent prévoit une baisse continue de la consommation, atteignant 19,8 litres par personne en 2035, contre 22,3 litres il y a quelques années. Une chute inquiétante qui, combinée à l’incertitude persistante concernant les droits de douane américains, dessine un avenir sombre pour une filière qui semble se diriger tout droit vers la catastrophe.