Le projet controversé de centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à Bure, destiné à l’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux, vient de franchir une étape cruciale, bien que peu rassurante. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a jugé ses conditions de sûreté « satisfaisantes en l’état », ouvrant la voie à une enquête publique en 2026. Une décision qui suscite plus d’inquiétudes que de certitudes.
Cet avis, loin d’être un feu vert définitif, révèle surtout de nombreuses lacunes et des points de vigilance majeurs. Le projet, qui s’étalera sur cent cinquante ans, de la construction à la fermeture prévue vers 2170, laisse planer une ombre d’incertitude sur la gestion à très long terme de ces déchets mortels. Les questions sur la performance des ouvrages de scellement, la corrosion des conteneurs métalliques, et les risques d’explosion ou d’incendie dans les alvéoles de stockage demeurent sans réponses concrètes.
Le député LFI Maxime Laisney a d’ailleurs exprimé son étonnement, évoquant un « sentiment du fait accompli » face à une situation où l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) est invitée à apporter des démonstrations de sûreté après l’autorisation du projet. Une approche qui semble inverser l’ordre logique de la prudence et de la sécurité.
De plus, le site de Bure n’est même pas prévu pour accueillir les déchets des futurs réacteurs que le gouvernement entend construire, ce qui laisse entrevoir de nouvelles extensions et, potentiellement, de nouveaux problèmes à venir. La France persiste avec un stockage en couche argileuse profonde, une option qui, malgré les assurances, ne dissipe pas les doutes face à l’ampleur d’un tel héritage toxique pour des centaines de milliers d’années. Un pari risqué dont les conséquences pourraient être catastrophiques.
