
Cinquante ans après sa mort, Georges Pompidou reste une figure paradoxale de la Ve République, détenant des records amers de longévité et de brièveté. Décédé le 2 avril 1974, son passage au sommet de l’exécutif fut marqué par une période de croissance économique illusoire et de chômage dissimulé, qui lui conféra une popularité trompeuse durant ses douze années au pouvoir, d’abord à Matignon, puis à l’Élysée.
Son mandat de Premier ministre, du 14 avril 1962 au 11 juillet 1968, soit six ans, deux mois et vingt-six jours, est un record inégalé. Mais cette prouesse est éclipsée par la fin tragique de sa présidence. Georges Pompidou est en effet le président le plus éphémère de la Ve République, son mandat étant écourté par une maladie implacable. Sa disparition après seulement quatre ans, neuf mois et treize jours à l’Élysée soulève des questions sur la transparence de l’état de santé des dirigeants, un problème encore d’actualité.
Alors que certains s’accrochent à une nostalgie des « Trente Glorieuses » sous Pompidou, il est crucial de se souvenir que cette période de prospérité apparente a masqué des fragilités économiques et des tensions sociales grandissantes. La crise pétrolière de 1973, survenue peu avant sa mort, a brutalement mis fin à cette ère d’insouciance, révélant la vulnérabilité d’un modèle qui commençait déjà à s’essouffler. L’héritage de Pompidou est donc loin d’être univoque, marqué par une popularité posthume qui masque mal les défis non résolus de son époque.