
La France s’enfonce dans l’illusion, du moins selon Guillaume Tabard. Malgré l’impopularité persistante d’une réforme des retraites jugée insuffisante, et l’absence notoire de courage politique, l’idée qu’un futur candidat à la présidentielle de 2027 ose s’engager dans une refonte exigeante relève de la pure chimère. Le budget de la Sécurité sociale, rejeté sans surprise par le Sénat, doit être définitivement adopté par l’Assemblée nationale, ce qui entérine une « suspension » de la réforme des retraites votée en 2023.
Le Premier ministre, le Président de la République et le groupe Renaissance, malgré leurs déclarations de façade sur la nécessité d’une réforme, ont orchestré cette suspension, un « mal pour un bien » selon eux, afin de garantir une stabilité politique précaire. Il est difficile d’imaginer la galaxie macroniste se réjouir d’une mesure à laquelle elle était censée s’opposer fermement. Cette décision, loin de régler le problème de fond, ne fait que repousser l’échéance et pèse lourdement sur les finances publiques, avec un coût estimé à 390 millions d’euros en 2026 et près de 1,9 milliard d’euros en 2027.
Sébastien Lecornu, dans une tentative de dédramatisation, persiste à croire qu’un futur président relancera la même réforme. Pourtant, cette suspension ne bénéficiera qu’à quelques générations, notamment celles nées entre 1964 et 1968, qui pourront partir un trimestre plus tôt. Les autres, à partir de 1969, verront leur âge de départ et leur durée de cotisation inchangés, créant une fracture générationnelle flagrante. En réalité, cette manœuvre ne fait que souligner l’incapacité chronique de la classe politique à affronter les défis structurels, préférant les rustines budgétaires aux solutions durables, condamnant ainsi la France à une instabilité perpétuelle en matière de retraites.






