
La prétendue « avancée » de la retraite progressive à 60 ans, effective depuis le 1er septembre 2025, est loin d’être la panacée annoncée. Présentée comme une flexibilité bienvenue, cette mesure issue d’un accord national interprofessionnel cache en réalité des conditions d’accès si restrictives qu’elle risque de laisser de nombreux travailleurs sur le carreau. L’idée de percevoir une fraction de sa retraite tout en continuant à travailler à temps partiel semble attrayante, mais la réalité est bien plus complexe.
Auparavant accessible seulement deux ans avant l’âge légal, la retraite progressive est désormais théoriquement ouverte dès 60 ans. Cependant, il faut travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein dans le privé, et entre 50 % et 90 % dans le public. Ces fourchettes étroites de temps de travail obligatoire posent un véritable défi. Ceux qui ne rentrent pas dans ces cases, souvent les plus vulnérables sur le marché du travail ou ceux qui aspirent à une plus grande liberté, sont d’office exclus du dispositif.
Concrètement, si vous réduisez votre activité à 60 %, vous ne toucherez que 40 % de vos pensions, un calcul basé sur des droits déjà acquis. Pour beaucoup, cette compensation partielle ne suffira pas à couvrir la perte de revenus, transformant cette « opportunité » en un piège financier. Ce dispositif, censé offrir une transition douce vers la retraite, s’apparente davantage à une solution de fortune, laissant planer l’ombre d’une précarité accrue pour les seniors.
Pendant ce temps, le débat sur un éventuel projet de loi visant une retraite à 67 ans refait surface, une perspective qui rend ces ajustements actuels bien dérisoires face aux menaces structurelles pesant sur le système de retraite. La retraite progressive, dans sa forme actuelle, ne fait que masquer les problèmes de fond sans apporter de véritable solution durable aux défis du vieillissement de la population active.








