
La justice française a ouvert une enquête préliminaire visant le réseau social X et ses dirigeants, suite à des allégations de manipulation de l’algorithme à des fins d’ingérence étrangère. Cette décision, annoncée par le parquet de Paris, met en lumière les préoccupations croissantes concernant la gestion de la plateforme depuis son acquisition par Elon Musk en 2022. Une gendarmerie nationale a été chargée d’investiguer la société et ses «personnes physiques» dirigeantes.
L’affaire a éclaté après deux signalements reçus en janvier, dont l’un émanant du député macroniste Éric Bothorel. Ce dernier a dénoncé les «récents changements d’algorithme de X» et les «ingérences apparentes dans sa gestion». Selon lui, la plateforme s’éloigne de son objectif de «garantir un environnement sûr et respectueux», menaçant la «diversité des voix» et la démocratie. Le manque de clarté sur les critères des modifications algorithmiques et les décisions de modération sont également pointés du doigt, tout comme les «interventions personnelles» d’Elon Musk.
Le second signalement, révélé par Le Canard enchaîné, proviendrait d’un directeur de cybersécurité dénonçant une «modification majeure dans l’algorithme» qui favoriserait des «contenus politiques haineux, racistes, anti-LGBT+, homophobes». Ces contenus, selon l’alerte, visent à «biaiser le débat démocratique en France». Le parquet, après avoir étudié ces signalements et recueilli des éléments de chercheurs et d’institutions, a donc décidé de confier l’enquête à la Direction générale de la gendarmerie nationale. Les chefs d’infraction incluent notamment l’altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée et l’extraction frauduleuse de données.
Malgré les assurances de Laurent Buanec, patron de X France, affirmant que l’algorithme est «construit de manière à éviter de vous proposer des contenus de type haineux» et que la plateforme «lutte contre la désinformation», ces accusations pèsent lourdement sur la réputation de X. L’enquête risque de révéler des dysfonctionnements majeurs et de soulever de sérieuses questions sur la responsabilité des géants du numérique.