
La mythique capitale de la fête, Berlin, est en train de perdre son âme. Autrefois symbole de liberté et de démesure post-Chute du Mur, la ville assiste impuissante à un phénomène alarmant de « Clubsterben » – la mort programmée de ses clubs iconiques. Les fermetures se multiplient, laissant un vide immense et révélant une crise profonde qui touche le cœur de la vie nocturne berlinoise. Le SchwuZ, plus ancien club LGBT+ d’Allemagne, a récemment baissé le rideau, un sombre présage pour les autres institutions.
Cette hécatombe n’est pas un cas isolé. Des noms emblématiques comme le Cookies, le King Kong Klub, le Griessmuehle et même le Watergate ont déjà disparu, emportés par un raz-de-marée économique et social. La pandémie de Covid-19 a certes accéléré le processus, mais les racines du mal sont plus profondes. La baisse de la fréquentation, couplée à une hausse vertigineuse des prix immobiliers, étrangle financièrement ces lieux qui faisaient jadis la réputation festive de Berlin.
Ce n’est pas seulement une question d’économie, c’est aussi un reflet de la décadence culturelle. Une société vieillissante, l’arrivée de nouveaux habitants moins enclins à la fête effrénée, et l’omniprésence des écrans avec les téléphones portables et les plateformes de streaming détournent la jeunesse des pistes de danse. Berlin, autrefois épicentre de la techno, voit son identité s’effilocher. Le déclin des clubs n’est pas seulement une perte pour les fêtards, c’est un symptôme inquiétant d’un changement de mode de vie qui menace l’effervescence et la diversité culturelle de la ville.






