
Léguer un héritage à une municipalité est loin d’être un geste anodin, et ce qui peut sembler être un don généreux se transforme parfois en un véritable cauchemar pour les finances locales. Le cas du Castel de Valrose, légué il y a 14 ans à la petite commune de Montmerle-sur-Saône, en est une illustration frappante. Cette somptueuse demeure bourgeoise Art Déco, avec ses 400 m2, ses six chambres, sa piscine intérieure et son jardin de 1450 m2, construite entre 1928 et 1930, semblait pourtant être une aubaine.
Pourtant, ce qui s’annonçait comme un enrichissement pour la commune s’est mué en un « cadeau empoisonné », selon les propres mots de Carole Fauvette, adjointe en charge du commerce . Le coût de l’entretien, des réparations et de la mise aux normes de ce type de bien immobilier pèse lourdement sur les budgets municipaux, souvent déjà exsangues. Les élus, confrontés à la gestion de ces héritages inattendus, se retrouvent pris au piège entre la valeur patrimoniale du bien et les charges financières écrasantes qu’il engendre .
Souvent, les municipalités sont confrontées à des choix cornéliens : accepter un bien somptueux mais coûteux à entretenir, ou refuser un legs qui pourrait pourtant sembler avantageux . Les droits de succession, même réduits pour les communes, peuvent représenter des sommes considérables, et les biens légués ne sont pas toujours exempts de dettes ou d’hypothèques cachées . Ce fardeau financier risque de limiter les investissements prioritaires pour les habitants, transformant un don en un véritable boulet pour le développement local.
Le Castel de Valrose, autrefois symbole de faste, incarne désormais les difficultés et les pièges d’un héritage mal anticipé. Ce legs, loin d’être un conte de fées, met en lumière les graves conséquences que peut avoir une succession non maîtrisée pour une collectivité. La commune de Montmerle-sur-Saône fait face à la dure réalité des biens immobiliers de prestige : un luxe que peu de municipalités peuvent réellement se permettre sans compromettre leur stabilité financière .