
L’Afghanistan est au bord du chaos humanitaire, alors que près de 3 millions d’Afghans pourraient être contraints de retourner dans un pays déjà ravagé d’ici la fin de l’année. Les prévisions alarmantes du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) révèlent une situation critique, exacerbée par les politiques d’expulsion brutales de l’Iran et du Pakistan. Téhéran, notamment, a donné jusqu’au 6 juillet à quatre millions d’Afghans « illégaux » pour quitter son territoire, une mesure qui ne fait qu’aggraver une crise déjà intenable.
Arafat Jamal, représentant du HCR en Afghanistan, a dénoncé un « exode peu digne, désorganisé et massif » qui met une pression colossale sur un pays incapable d’absorber un tel afflux. Le nombre de retours a déjà dépassé les projections initiales, avec plus de 1,6 million d’Afghans revenus du Pakistan et d’Iran cette année. Les scènes aux frontières sont désolantes : des pics à 50 000 personnes par jour, des rapatriés épuisés, désorientés, et souvent brutalisés, arrivant dans des centres surchargés sous une chaleur accablante.
La situation est d’autant plus grave que l’Afghanistan est plongé dans la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale. Les perspectives d’emploi sont quasi inexistantes, et la cessation de l’aide internationale des États-Unis depuis le 14 avril a laissé l’ONU et les ONG locales à la peine. L’Organisation des migrations internationales (OMI) n’a pu aider qu’une infime partie des migrants de retour, soulignant l’échec cuisant de l’assistance face à cette déferlante.
Beaucoup de ces exilés, certains ayant vécu toute leur vie hors d’Afghanistan, sont désormais confrontés à la pauvreté et à l’incertitude dans un pays qui leur est étranger. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables, confrontées à des restrictions sévères de leurs droits fondamentaux. L’absence de coordination internationale et le manque criant de ressources menacent de transformer cette crise en un désastre sans précédent, laissant des millions de personnes dans un état de désespoir absolu.