
La tant attendue réforme des aides au logement, maintes fois reportée, est enfin entrée en vigueur, mais son impact réel sur les bénéficiaires soulève déjà de sérieuses interrogations. Annoncée depuis 2018 et repoussée en raison de problèmes techniques majeurs et du confinement, cette refonte du calcul des APL, ALS et ALF promettait une plus grande «justesse». En réalité, elle risque de plonger une partie des allocataires dans une précarité accrue.
Désormais basées sur les revenus des douze derniers mois et actualisées tous les trois mois, ces aides visent à coller «au mieux» à la réalité financière des ménages. Cependant, cette méthode contemporaine se traduit souvent par une baisse significative des allocations pour ceux dont les revenus augmentent même légèrement. Un célibataire passant de 1000 à 1100 euros mensuels verra ses APL chuter drastiquement, passant de 77 à 44 euros. Une véritable punition pour toute amélioration de situation.
Les étudiants ne sont pas épargnés par ce système impitoyable. Si certains, en emploi stable depuis longtemps, pourraient être épargnés, ceux ayant commencé un travail récent risquent de voir leurs APL fondre comme neige au soleil. L’exemple cité d’un étudiant perdant la quasi-totalité de son aide est particulièrement alarmant et révèle l’injustice de cette réforme pour une population déjà vulnérable.
Avec 6 millions de personnes directement impactées, soit plus de la moitié des allocataires, cette réforme ne semble pas tant viser à «plus de justice» qu’à réaliser des économies budgétaires. Le gouvernement, qui espérait initialement 1,2 milliard d’euros, se contente désormais de 500 à 700 millions. Un maigre gain pour un impact potentiellement dévastateur sur les plus modestes, confirmant une dérive sociale inquiétante. Cette réforme est un pas vers une allocation unique, avec l’exclusion de l’AAH, confirmant une gestion jugée partiale et une recherche d’économies au détriment des plus fragiles.