Après des années de flambée, le marché du café s’effondre, et Nestlé, géant de l’agroalimentaire, se retrouve pris au piège de ses propres succès. Alors que Nespresso représentait encore 7% de son chiffre d’affaires en 2024, la chute vertigineuse de plus de 30% des prix du café vert depuis février 2025 – grâce à une récolte brésilienne « favorable » – pourrait bien masquer de sombres perspectives. Si certains analystes prévoient une « surprise à la hausse » pour la rentabilité de ses activités café, la véritable question demeure : Nestlé pourra-t-il maintenir sa capacité à imposer ses prix sur un marché en pleine déroute ?
Les prévisions sont déjà sombres pour 2025. Nestlé anticipe une marge opérationnelle sous-jacente en baisse, à 16% ou plus, contre 17,2% en 2024, en raison d’investissements massifs pour tenter de relancer la croissance. Ce revirement brutal des prix des matières premières intervient après une année 2024 déjà difficile, marquée par une croissance organique de seulement 2,2%, bien loin des 7,2% de l’année précédente. Le chiffre d’affaires global a même reculé, passant de 103 milliards de dollars en 2023 à 101 milliards en 2024. Malgré cela, la direction insiste sur un « nouveau départ », arguant que les résultats de 2024 sont conformes aux attentes.
Mais l’euphorie autour de la baisse des prix du café masque une réalité plus préoccupante : les consommateurs, lassés par des années de hausses incessantes, se sont massivement tournés vers des alternatives moins chères, et la consommation de café à domicile explose. Nestlé a été plus lent que ses concurrents à freiner ses augmentations de prix, risquant d’aliéner davantage une clientèle déjà à bout. Les experts s’interrogent sur la capacité du groupe à regagner la confiance des consommateurs tout en assurant une marge respectable. La situation actuelle, entre prix records du café et cacao et une tentative désespérée de rassurer les investisseurs, ressemble à une course contre la montre pour Nestlé, dont l’avenir sur le marché du café reste incertain.
