
La colocation senior est présentée comme une solution idyllique face au déclin des Ehpad et à la solitude envahissante, mais elle cache des défis non négligeables. Alors que Dominique, 74 ans, a opté pour cette voie en installant sa mère de 99 ans, Simonne, dans un appartement partagé géré par Cosima à Saint-Cloud, l’image d’Épinal d’une vie collective épanouie pourrait bien s’effriter face à la réalité du quotidien.
Certes, l’idée de rompre l’isolement et de mutualiser les coûts est séduisante. Simonne, bien que lucide, a quitté sa grande maison pour un studio de 30 m² au sein d’un vaste appartement. Les espaces communs, comme la cuisine et le salon, sont censés favoriser les interactions. Pourtant, la vie en collectivité n’est pas sans heurts. Les différences d’habitudes, de rythmes de vie, et les inévitables pertes d’intimité peuvent rapidement transformer le rêve en cauchemar.
Les conflits sont inévitables dans un environnement partagé, nécessitant une communication constante et des compromis parfois difficiles. L’instabilité est une menace réelle : le départ d’un colocataire, ou l’arrivée d’un nouveau, peut perturber l’équilibre fragile du groupe. De plus, malgré la promesse d’un « meilleur accompagnement », ces structures ne sont pas médicalisées et ne conviennent pas aux personnes nécessitant des soins importants ou souffrant de troubles cognitifs sévères. L’absence de personnel soignant permanent reste un point critique, obligeant à faire appel à des services extérieurs pour toute assistance médicale sérieuse.
La colocation senior, bien que louée comme une alternative, doit être abordée avec une extrême prudence. Au-delà des apparences de convivialité, elle peut masquer une réalité bien plus complexe et potentiellement décevante pour les seniors vulnérables et leurs familles.