
La perspective d’une retraite incertaine hante les esprits en France, poussant une majorité écrasante, y compris les plus jeunes, à épargner toujours plus tôt. Six Français sur dix estiment crucial de commencer avant 35 ans, un chiffre qui monte à près de 67 % chez les moins de 35 ans. Cette prise de conscience alarmante révèle une méfiance profonde envers le système actuel, jugé incapable de garantir un niveau de vie décent une fois l’activité professionnelle terminée.
Le débat incessant sur les retraites, loin de rassurer, ne fait qu’alimenter cette anxiété collective. L’idée de cotiser plus longtemps sans garantie de pensions suffisantes est vécue comme une injustice, forçant les citoyens à prendre leur destin financier en main. « La retraite est une inquiétude récurrente, qui contribue à la hausse du taux de l’épargne », confirme Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Le résultat est sans appel : l’épargne des ménages français a atteint des sommets inédits, frôlant les 18,8 % de leurs revenus disponibles au premier trimestre 2025, un record historique depuis 1945, hors crise sanitaire.
Cette frénésie d’épargne, bien que présentée comme une preuve de prévoyance, masque une véritable détresse face à un avenir financier incertain. Les jeunes actifs, en particulier, se voient contraints d’hypothéquer une partie de leurs revenus actuels pour compenser les défaillances anticipées du système de retraite. Cette situation souligne l’échec des politiques publiques à restaurer la confiance et à offrir des perspectives stables. Le choix forcé de l’épargne individuelle devient la seule issue pour des millions de Français, craignant de voir leurs vieux jours transformés en cauchemar financier.