
Un scandale silencieux mais dévastateur ravage les foyers de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) : des milliers de jeunes filles placées, censées être protégées, se retrouvent piégées dans les griffes du proxénétisme. Loin des promesses de sécurité, le système semble les précipiter vers une exploitation sordide. Des témoignages glaçants, comme celui d’Ilona, prostituée dès l’âge de 12 ans, révèlent l’ampleur d’un désastre humain que personne ne veut vraiment affronter.
Le lien entre placement et exploitation sexuelle n’est plus une simple théorie; c’est une réalité brutale. Les adolescentes, souvent déjà profondément traumatisées par des abus familiaux, trouvent dans les foyers un nouvel enfer. Lucile Rozanes Mercier, une ancienne directrice de maisons d’enfants, a alerté il y a plus de dix ans sur l’arrivée de jeunes filles exhibant des signes de richesse suspecte et recrutant activement d’autres mineures pour leurs exploiteurs. Une contamination qui s’est propagée comme une traînée de poudre, transformant certains foyers en véritables antichambres de la prostitution.
Les chiffres sont terrifiants : entre 10 000 et 15 000 mineures placées sur les 220 000 enfants sous la responsabilité de l’ASE seraient aujourd’hui dans les réseaux. Face à cette catastrophe, l’«inaction totale» des départements est pointée du doigt par des avocats comme Michel Amas, qui accuse l’ASE de «fabriquer» la prostitution. Des accusations fracassantes qui mettent en lumière une défaillance systémique. Tandis que l’ASE se défend en arguant de la complexité des profils des jeunes qu’elle accueille, la réalité est qu’un nombre inacceptable d’entre elles finissent par être broyées par un système censé les sauver.
Ces jeunes femmes, souvent des survivantes d’agressions subies dès l’enfance, sont les victimes collatérales d’un dispositif qui échoue à les protéger. L’histoire de Nour, placée à 16 ans dans un foyer, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ces destins brisés, sacrifiés sur l’autel de l’impuissance et du manque de moyens. Il est temps de dénoncer cette faillite collective et d’exiger des comptes pour ces vies détruites.