
L’Union européenne et les États-Unis ont, une fois de plus, arraché un accord commercial de dernière minute, évitant de justesse une escalade des tensions. Cet arrangement, présenté comme une victoire, impose pourtant des droits de douane de 15 % sur la plupart des produits européens, un taux bien supérieur aux moyennes historiques d’environ 1 %. Si certains secteurs clés, comme l’aéronautique et les semi-conducteurs, bénéficient d’une exemption quasi-totale, cette accalmie ressemble davantage à un sursis qu’à une véritable résolution des problèmes de fond.
Les chiffres sont éloquents : avant l’arrivée de l’administration actuelle, les tarifs douaniers moyens entre les deux géants économiques se situaient autour de 1,4 %. Aujourd’hui, la nouvelle norme de 15 % risque de peser lourdement sur les entreprises européennes, déjà fragilisées. Plus de 2 000 entreprises françaises sont directement exposées à ces nouveaux tarifs, et même si certaines marges permettent d’absorber le choc, l’impact global sur les profits et la compétitivité sera indéniable. L’Union européenne avait déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance, passant de 1,3 % à 0,9 %, une détérioration directement liée aux pressions commerciales.
Malgré les célébrations, les incertitudes persistent. Les déclarations contradictoires entre les dirigeants américains et européens sur des points cruciaux, notamment pour les produits pharmaceutiques et l’acier, sèment le doute sur la solidité de cet accord. Tandis que Washington maintient ses tarifs de 50 % sur l’acier et l’aluminium, Bruxelles affirme le contraire, signe d’une discorde latente. Cette « trêve » tarifaire ne fait que masquer des divergences profondes et des menaces sous-jacentes. Les consommateurs américains pourraient voir les prix augmenter, et les chaînes d’approvisionnement mondiales risquent d’être durablement perturbées par ces nouvelles barrières.
En somme, cet accord, bien que présenté comme un succès, est une solution temporaire qui ne résout pas les déséquilibres fondamentaux. Il impose une nouvelle réalité commerciale où les entreprises européennes devront naviguer dans un environnement plus coûteux et incertain, tandis que les relations transatlantiques restent tendues. La stabilité annoncée pourrait bien n’être qu’une illusion, masquant les véritables défis à venir.