
L’accord commercial tant vanté entre l’Union européenne et les États-Unis, présenté comme une victoire, semble plutôt cacher une cuisante défaite pour le Vieux Continent. Bien que la Commission et la Maison-Blanche clament la fin de la guerre douanière, les détails de cet arrangement asymétrique révèlent une réalité bien moins reluisante pour les entreprises européennes et, par extension, l’économie de l’UE toute entière.
Cet accord, arraché à la dernière minute sous la menace explicite de Donald Trump, impose un «taux de base» de 15% sur la majorité des exportations européennes, incluant des secteurs clés comme l’automobile, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques. Pire, les taxes sur l’acier, l’aluminium et le cuivre restent à un exorbitant 50%. Pendant ce temps, les États-Unis s’assurent des promesses d’achat massives d’énergie et d’armement, ainsi que des investissements colossaux, tandis que les contreparties pour l’UE restent floues ou inexistantes.
Les analystes sont unanimes : cet accord marque une «détérioration marquée des conditions» pour les entreprises européennes. Capital Economics anticipe une augmentation du taux effectif des tarifs américains sur les biens européens de 1,2% à 17%, ce qui pourrait réduire le PIB de l’UE de 0,2%, voire 0,4% selon Goldman Sachs. La visibilité accrue pour les entreprises, présentée comme un bénéfice, ne masque qu’une acceptation forcée de conditions défavorables.
Loin d’être une résolution, cet accord préliminaire, dont les interprétations divergent déjà des deux côtés de l’Atlantique, doit encore être formalisé et ratifié. Les complications s’annoncent nombreuses, et le diable, comme toujours, se nichera dans les détails de mise en œuvre. L’UE, déjà fragilisée, pourrait bien ne pas en avoir fini avec les turbulences économiques.