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L'accord migratoire franco-britannique entre en vigueur, mais son principe du « un pour un » suscite des doutes. La France reprendra des migrants de Londres, une mesure critiquée comme un marché de dupes aux bénéfices incertains.

L’accord franco-britannique sur les migrants, entré en vigueur ce mercredi 6 août, est présenté comme une avancée majeure, mais son efficacité s’annonce déjà douteuse. Alors que la France s’engage à reprendre une partie des migrants illégaux arrivés au Royaume-Uni, le principe du « un pour un » semble masquer une réalité bien plus complexe et potentiellement désavantageuse pour Paris. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se félicite de vouloir « casser les filières », une ambition louable mais probablement illusoire face à la détermination des réseaux de passeurs.

Officiellement, personne ne peut avancer de chiffres précis sur le nombre de migrants concernés, ce qui alimente un certain flou artistique. Il est question d’une démarche « expérimentale » d’un an, un terme qui sonne davantage comme un aveu d’incertitude que comme une stratégie robuste. Les premières estimations évoquent environ 50 retours par semaine, un chiffre dérisoire au regard de l’ampleur des traversées illégales. Ce dispositif, loin de résoudre la crise migratoire, pourrait se révéler un marché de dupes, où la France endosse une charge disproportionnée sans garantie de voir les flux se tarir.

Loin de l’image d’un accord équilibré, des élus du nord de la France dénoncent déjà un arrangement trop favorable aux Britanniques. En échange de l’accueil de demandeurs d’asile présents sur son sol, le Royaume-Uni renverra ceux qui ont réussi à atteindre ses côtes, se délestant ainsi d’une partie de son fardeau. Ce mécanisme, critiqué par des associations d’aide aux migrants le qualifiant d’« inhumain », ne fait que déplacer le problème sans s’attaquer à ses causes profondes. Les migrants réadmis en France, qui étaient pour la plupart déjà sur le territoire français avant leur tentative de traversée, se retrouveront dans une situation précaire, soit en attente d’asile, soit contraints à l’errance. Le grand perdant de cet accord semble bien être la France, confrontée à une gestion migratoire complexe et à des ressources déjà sous tension.