
En France, la participation des actionnaires aux assemblées générales (AG) des entreprises relève souvent plus du simulacre que d’une réelle démocratie. Bien qu’une seule action suffise pour y prendre part, l’influence des petits porteurs reste désespérément limitée, voire inexistante. La loi prévoit un temps de débat, mais sans durée minimale, permettant aux géants du CAC 40 de bâcler cet exercice démocratique en quelques minutes, comme ce fut le cas chez Sopra Steria avec un maigre débat de dix minutes. Une véritable parodie de dialogue.
Le traitement des questions d’actionnaires révèle un mépris flagrant. Lors de l’AG 2025 de LVMH, Bernard Arnault a sèchement rejeté une question légitime concernant les investissements de sa holding familiale dans le football, arguant que cela ne concernait pas LVMH. Une fin de non-recevoir qui illustre parfaitement l’opacité et l’arrogance des dirigeants face à toute interrogation sortant du cadre strict qu’ils imposent. Le débat contradictoire est une chimère.
Aborder des sujets sensibles relève de la pure provocation. La direction de BNP Paribas a par exemple balayé d’un revers de main une question cruciale de l’association Éthique et investissement, concernant une potentielle mise en examen de la banque dans les enquêtes financières contre Patrick Drahi. Une réponse lacunaire, renvoyant à un vague communiqué en ligne, preuve d’une volonté manifeste d’éviter toute transparence. Le comble de l’hypocrisie a été atteint lorsque BNP Paribas a initialement censuré la section questions-réponses de la vidéo de son AG 2025, avant de la restaurer sous la pression des réseaux sociaux. Ce genre de manœuvre soulève une question essentielle : les entreprises cherchent-elles à dissimuler un malaise profond ou un désintérêt total pour leurs actionnaires ? La réponse semble malheureusement évidente.