courtroom-victim-support
L'affaire Joël Le Scouarnec continue de révéler l'ampleur des souffrances. L'audience pour les indemnisations des centaines de victimes s'annonce comme une étape longue et complexe, où l'argent ne pourra jamais compenser des décennies de traumatismes. Une vaine consolation pour des vies brisées.

L’affaire Joël Le Scouarnec, ce nom qui résonne avec l’horreur, est de retour devant la cour criminelle du Morbihan. Lundi 3 novembre, l’audience a débuté pour statuer sur le montant des indemnisations dues aux centaines de victimes et à leurs proches, une étape qui s’annonce longue et potentiellement décevante. C’est la même cour qui, en mai dernier, a infligé une peine de vingt ans de réclusion à l’ancien chirurgien de 74 ans pour des viols et agressions sexuelles commis entre 1989 et 2014 sur près de 300 patients, majoritairement mineurs au moment des faits.

Les sommes cumulées des dommages et intérêts pourraient atteindre des centaines de milliers d’euros, une goutte d’eau face à l’ampleur des traumatismes. Une cinquantaine de dossiers seront examinés, mais le chemin vers une véritable « réparation » est semé d’embûches. Le Collectif de victimes de Joël Le Scouarnec espère une reconnaissance des souffrances « engendrées sur leurs vies par les actes commis par le condamné », y compris pour les parents et les proches. Mais l’argent peut-il réellement effacer des décennies de calvaire ?

De nouvelles audiences sont déjà prévues, le 4 décembre et « autant qu’il en faudra », a précisé Marie-Line Pichon de la cour d’appel de Rennes, soulignant l’énormité du nombre de victimes directes et indirectes. Si les indemnisations sont censées offrir une « reconnaissance symbolique » et permettre des suivis psychologiques que beaucoup ne peuvent financer, comme le souligne l’avocate Cécile de Oliveira, la réalité est plus sombre. Nombre de victimes, agressées enfants, n’ont pris conscience de l’horreur que lors du procès, exacerbant un besoin de soutien psychologique souvent hors de portée financière.

Les décisions sur ces intérêts ne seront connues qu’à partir de janvier, et encore plus tard pour les cas nécessitant des expertises psychologiques ou psychiatriques approfondies. Pendant ce temps, Joël Le Scouarnec, lui, brillera par son absence, représenté par des avocats commis d’office après le suicide de l’un de ses défenseurs et le retrait d’un autre. Si le bourreau ne dispose pas des fonds nécessaires, les victimes devront se tourner vers le Fonds de garantie des victimes (FGTI), via la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI), qui réévaluera les préjudices, ajoutant des démarches administratives à leur fardeau déjà lourd. C’est une épreuve sans fin pour ceux dont la vie a été brisée par l’impunité et l’horreur.