
L’Afrique du Sud est plongée dans une nouvelle crise de confiance alors que le président Cyril Ramaphosa a été contraint de suspendre son ministre de la Police, Senzo Mchunu, suite à des accusations de corruption retentissantes. Cette décision intervient après une semaine de spéculations intenses, révélant une véritable guerre de clans au sein des plus hautes sphères du pouvoir.
La suspension de Mchunu, qui n’est en fonction que depuis un an, découle d’allégations explosives formulées par un haut responsable de la police du KwaZulu-Natal. Ce commissaire, lors d’une conférence de presse mise en scène de manière théâtrale, a accusé le ministre d’entretenir des liens douteux avec un individu poursuivi pour corruption et tentative de meurtre. Pire encore, il a reproché à Mchunu d’avoir démantelé une unité spécialisée dans les enquêtes sur les meurtres politiques, soulevant de graves questions sur une possible obstruction à la justice.
Face à ce scandale, le président Ramaphosa a annoncé la création d’une commission d’enquête judiciaire, promettant de faire la lumière sur le «rôle de hauts responsables publics actuels ou passés» et leurs liaisons éventuelles avec le crime organisé. Pendant ce temps, Firoz Cachalia, professeur de droit, prend la relève en tant que ministre par intérim de la Police, mais le mal est fait. La crédibilité des institutions est sérieusement ébranlée.
Senzo Mchunu, âgé de 67 ans et pressenti pour succéder à Ramaphosa au sein de l’ANC, nie fermement ces accusations, les qualifiant d’«insinuations faites sans preuve». Pourtant, l’ancien chef de l’unité policière démantelée, un proche de l’accusateur de Mchunu, a lui-même été arrêté pour fraude et corruption. Le commissaire à l’origine des révélations est lui aussi sous le coup d’une enquête pour des soupçons de corruption. Ce sombre tableau souligne l’ampleur de la corruption endémique qui gangrène le pays, classé 82e mondial par Transparency International.