
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a lancé un avertissement glaçant : les agents de nettoyage, souvent invisibles, sont en réalité confrontés à un redoutable cocktail de risques qui minent leur santé. Ce secteur, pourtant essentiel, expose entre 1,2 et 1,4 million de personnes, majoritairement des femmes, à des conditions de travail désastreuses et des dangers insidieux. Le rapport de l’Anses met en lumière une réalité alarmante, accentuée par la précarité et une organisation du travail défaillante.
Les agents de nettoyage sont les victimes silencieuses d’une combinaison dévastatrice : efforts physiques intenses, exposition constante à des produits chimiques toxiques et à des agents biologiques dangereux. Mais le problème ne s’arrête pas là. L’organisation même du travail, marquée par des horaires décalés, un isolement professionnel et des cadences infernales, aggrave considérablement ces risques. Henri Bastos, directeur scientifique santé et travail de l’Anses, dépeint un tableau sombre de conditions de vie et de travail qui pèsent lourdement sur la santé de ces travailleurs.
La situation est d’autant plus critique que ces agents, souvent d’origine étrangère et peu syndiqués, sont pris au piège de la précarité. Les horaires fragmentés et les journées de travail à rallonge sont monnaie courante, contribuant à un taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Pire encore, les licenciements pour inaptitude sont près de deux fois plus fréquents que dans les autres secteurs, témoignant de l’ampleur des dégâts physiques et psychologiques.
La sous-traitance, qui concerne 35% de ces personnels, est pointée du doigt comme un facteur aggravant majeur. Cette tendance a conduit à une réduction drastique des heures dédiées au nettoyage, intensifiant la charge de travail et augmentant les risques de troubles musculosquelettiques (TMS), de pathologies respiratoires et dermatologiques. Face à ce désastre sanitaire, l’Anses préconise des réformes urgentes : meilleure étude des impacts sur les maladies chroniques et les grossesses, formation adaptée et promotion du travail en journée. Des mesures qui tardent à venir pour des travailleurs oubliés.






