
Le parachutage d’aide humanitaire dans les zones de conflit est officiellement reconnu comme le mode de distribution le moins efficace, et surtout le plus dangereux. Cette conclusion cinglante, tirée par l’état-major américain après la désastreuse campagne de 1991 dans le nord de l’Irak, refait surface aujourd’hui avec l’opération désespérée menée à Gaza. À l’époque, des centaines de milliers de Kurdes, fuyant la répression de Saddam Hussein, ont subi les conséquences tragiques de cette méthode chaotique. Des morts par écrasement, des affrontements sanglants pour un sac de vivres et des colis égarés dans des zones minées : le bilan fut catastrophique.
Les militaires eux-mêmes avaient dénoncé une opération plus médiatique qu’efficace, imposant finalement le recours aux hélicoptères puis aux camions, des solutions bien plus adaptées. Cet échec cuisant avait relégué les largages aériens au rang des pratiques à proscrire pendant plus de trois décennies. Pourtant, la situation désespérée à Gaza a fait resurgir ce pis-aller. L’instrumentalisation de l’aide par Israël, en violation flagrante des principes humanitaires, a conduit à une famine effroyable. Le « massacre de la farine » du 29 février 2024, où 118 personnes ont péri sous les balles, écrasées ou piétinées dans la panique d’une distribution qui a viré au cauchemar, en est la preuve accablante.