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Malgré un environnement incertain, Air Liquide affiche des résultats semestriels records, mais des questions persistent sur la durabilité de cette performance et sa dépendance aux marchés américains.

Malgré un environnement économique incertain, Air Liquide, le géant français des gaz industriels et médicaux, affiche des résultats semestriels qui défient toute logique, ou du moins la conjoncture. La Bourse, dans un élan de jubilation presque déraisonnable, a accueilli ces chiffres avec une hausse de plus de 2% pour l’action, la plaçant à une dizaine d’euros de son record historique. Cette performance suscite des questions sur la véritable robustesse de ces succès, ou si le marché est aveuglé par des chiffres superficiels.

Le PDG, François Jackow, a vanté des indicateurs « positifs et atteignant de nouveaux records », notamment un chiffre d’affaires semestriel de 13,72 milliards d’euros, en hausse de 2,6%. Cependant, la croissance organique de la branche Gaz & services, qui représente 97% du total, n’atteint qu’un maigre 1,8% sur le semestre. Cette croissance, principalement tirée par le continent américain, met en lumière une dépendance inquiétante à des marchés spécifiques. On peut se demander si cette croissance fragile est suffisante pour maintenir la dynamique à long terme, ou si elle masque des vulnérabilités sous-jacentes. Les tarifs douaniers imposés par les États-Unis à l’Europe, bien que minimisés par Air Liquide sous prétexte que « nos produits ne voyagent pas », pourraient bien perturber cette apparente tranquillité, et ce, malgré les affirmations du PDG .

Les bénéfices ont certes augmenté, avec un bénéfice net de 1,80 milliard d’euros et un bénéfice net récurrent en hausse de 10% à 1,84 milliard d’euros. Les prévisions pour 2025 sont maintenues, la direction se disant confiante dans sa capacité à augmenter sa marge d’exploitation malgré un environnement incertain . Mais cette confiance ne semble-t-elle pas excessive face aux risques géopolitiques et aux fluctuations économiques ? Air Liquide parie sur des investissements massifs dans la transition énergétique et l’électronique, atteignant un record de 2,3 milliards d’euros . Or, l’abandon de certains projets d’hydrogène aux États-Unis, suite aux incertitudes politiques, souligne la fragilité de ces ambitions. La prudence est de mise, car les marchés peuvent se montrer impitoyables lorsque les belles promesses ne sont pas tenues.