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Le rachat du prestigieux quotidien The Telegraph par le fonds américain RedBird Capital suscite de vives inquiétudes quant à une possible influence chinoise, menaçant la liberté de la presse.

Le prestigieux quotidien conservateur The Telegraph, pilier de l’information britannique, se retrouve au cœur d’une polémique explosive. Des ONG de défense des droits humains et de la liberté d’expression tirent la sonnette d’alarme, dénonçant un « risque d’influence chinoise » derrière le rachat par le fonds américain RedBird Capital. Un scénario alarmant qui remet en question la pluralité des médias et l’intégrité de l’information au Royaume-Uni.

Les organisations, parmi lesquelles Reporters sans frontières et Article 19, ont adressé une lettre ouverte cinglante à la ministre britannique de la Culture, Lisa Nandy. Elles y dénoncent les liens présumés de RedBird Capital avec la Chine, notamment via son président, John Thornton. Ce dernier siégerait au conseil consultatif international de la China Investment Corporation, le plus grand fonds souverain de Chine, et aurait présidé la Silk Road Finance Corporation. Des accusations graves qui suggèrent des instruments d’influence financière chinoise. Pire encore, John Thornton aurait été lié à l’Institut Confucius, qualifié de « prolongement direct du Département de la propagande du Parti communiste chinois ». Autant d’éléments qui alimentent les craintes d’une mainmise insidieuse.

Malgré les dénégations de RedBird Capital, qui assure qu’il n’y a aucune implication chinoise dans l’acquisition et que l’indépendance de la presse est un « principe fondamental » de sa stratégie, le doute persiste. Le fonds américain avait initialement tenté un rachat via une coentreprise avec un fonds émirati, RedBird IMI, mais cette tentative avait été bloquée par le gouvernement britannique en raison de préoccupations liées à l’influence étrangère. Le fait que RedBird Capital se positionne seul aujourd’hui ne dissipe pas les inquiétudes, car les liens de son président avec des entités chinoises restent un point central des critiques. Des parlementaires britanniques de tous bords ont d’ailleurs déjà interpellé la ministre, alertant sur ce « potentiel d’influence de l’État chinois ».

Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la transparence des fonds d’investissement et la protection de la presse face aux ingérences étrangères. La vente du Telegraph, un journal au prestige incontestable, risque de devenir un cas d’étude sur les dangers de l’opacité financière et les menaces qui pèsent sur l’indépendance éditoriale dans un monde de plus en plus interconnecté et complexe.