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Les plages bretonnes, comme celle du Ris à Douarnenez, sont submergées par des tonnes d'algues vertes, conséquence désastreuse de l'agriculture intensive. Un fléau toxique et nauséabond qui persiste.

La carte postale idyllique de la Bretagne est chaque année entachée par une réalité bien plus sombre : les algues vertes. Sur la plage du Ris, à Douarnenez, ce qui devrait être un spectacle apaisant se transforme en un tableau désolant de mélasse nauséabonde. Gildas Sergent, marin à la retraite, et son voisin Thierry Mescam, dénoncent cette « lous » – la saleté en breton – qui envahit leur littoral, où l’on s’enfonce parfois jusqu’aux mollets dans des champs d’ulves putréfiées. L’odeur d’œuf pourri qui s’en dégage est le triste symptôme d’une pollution devenue chronique.

Cette catastrophe écologique n’a rien d’un phénomène naturel isolé. Elle est la conséquence directe de décennies d’agriculture intensive en Bretagne, une région où 99% des cours d’eau sont contaminés par les pesticides . L’excès d’azote, issu des fertilisants et des déjections animales, sature les rivières qui, à leur tour, déversent ces nutriments dans la mer. Les baies bretonnes, avec leurs eaux peu profondes et calmes, deviennent alors des incubateurs parfaits pour ces proliférations d’algues.

Le sulfure d’hydrogène (H2S), gaz potentiellement mortel, est libéré lorsque ces algues se décomposent . Des incidents tragiques, dont le décès d’un employé chargé de transporter des algues en 2009 et la mort de chevaux, ont mis en lumière la dangerosité sanitaire du phénomène . Pourtant, malgré ces alertes et un coût économique estimé à des millions d’euros en nettoyage et en pertes touristiques , la situation ne semble pas s’améliorer fondamentalement. Les plans d’actions se succèdent sans parvenir à juguler ce fléau environnemental et sanitaire qui empoisonne le littoral breton et ses habitants.