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Le scandale de la manipulation boursière refait surface avec la suspension de Mexedia par l'AMF. Une pratique de type « bouilloire » expose les failles du marché financier, menaçant la confiance des investisseurs.

L’espace boursier, prétendument sous haute surveillance, est une fois de plus exposé à la manipulation. Le 12 septembre, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a été contrainte de demander à Euronext, le géant boursier européen, la suspension de Mexedia, une entreprise technologique italienne. La raison? De graves soupçons de « possible manipulation de cours » durant l’été, évoquant une pratique tristement célèbre appelée « bouilloire ».

Cette escroquerie, bien connue des régulateurs financiers, consiste pour un investisseur malveillant à repérer une action peu liquide, puis à pousser de nombreux particuliers à l’achat, en leur faisant miroiter des gains faramineux, sans jamais révéler qu’il détient lui-même un grand nombre de titres. L’engouement artificiel fait grimper le cours, jusqu’à ce que l’escroc vende ses parts, provoquant une chute brutale de la valeur et laissant les victimes avec des titres dépréciés. C’est un scénario classique où les petits épargnants sont systématiquement les dindons de la farce.

La persistance de ces manipulations démontre la faiblesse des régulations face à des fraudeurs toujours plus adaptatifs. Marianick Darnis Lorca, directrice des enquêtes de l’AMF, constate une évolution alarmante des modes opératoires : « Avant, les escrocs appelaient leurs potentielles victimes. Aujourd’hui, ils passent par les réseaux sociaux et les messageries privées, mais le principe reste le même. » La digitalisation, loin de sécuriser, semble ouvrir de nouvelles brèches aux pratiques frauduleuses.

Le phénomène ne montre aucun signe d’essoufflement. En 2024, l’AMF a ouvert 30 enquêtes, presque toutes liées à des abus de marché : délits d’initiés, diffusion de fausses informations, ou manipulations de cours. Pour 2025, les prévisions sont encore plus sombres, avec un nombre de dossiers qui devrait dépasser celui de l’année précédente. Cela soulève de sérieuses questions sur l’efficacité des mécanismes de protection et la capacité des autorités à garantir un marché réellement équitable. Les investisseurs sont-ils condamnés à naviguer dans une jungle où le risque de manipulation est une constante menace?