
Face à une recrudescence alarmante de la délinquance financière, la France s’apprête à un renforcement drastique des pouvoirs de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Une proposition de loi, portée par le député Daniel Labaronne (Ensemble pour la République), a été déposée le mardi 16 septembre, visant à armer le gendarme de la Bourse contre des fraudes toujours plus sophistiquées. Les arnaques, délits d’initiés et manipulations de marché atteignent des sommets, exigeant une réponse rapide, mais l’efficacité de ces nouvelles mesures reste à prouver.
Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’AMF, alerte sur une « montée en puissance de réseaux d’initiés internationaux, parfois liés à la criminalité organisée, très mobiles à l’échelle internationale, qui parviennent à obtenir des informations privilégiées, y compris en recourant à la corruption ». Ces groupes opèrent sans scrupules sur tous les grands marchés boursiers, mettant en péril l’intégrité du système financier français et mondial. La proposition de loi répond à cette urgence, mais la question demeure : ces ajustements seront-ils suffisants pour contrer une menace si tentaculaire ?
Le texte législatif prévoit notamment d’introduire un dispositif de « clémence ». Ce mécanisme permettrait une réduction, voire une exemption de sanctions pour les fraudeurs et leurs complices acceptant de coopérer avec l’AMF. Bien que l’intention soit de faciliter la remontée d’informations, cette approche soulève des inquiétudes quant à la sévérité des peines infligées et la perception de la justice. Ne risque-t-on pas d’envoyer un message contradictoire aux criminels financiers, où la coopération pourrait devenir une échappatoire plutôt qu’une véritable incitation à la repentance ?
Alors que la délinquance financière continue de faire des ravages, minant la confiance du public et l’équité des marchés, la réforme de l’AMF est un pas nécessaire. Cependant, l’ampleur du défi et la sophistication des acteurs impliqués imposent de rester vigilants quant à l’impact réel de ces nouvelles mesures. Seul le temps dira si ces outils inédits suffiront à juguler une criminalité en constante mutation.






