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Malgré l'avancée du paiement électronique, l'argent liquide refuse de disparaître, avec une valeur triplée en vingt ans dans la zone euro. La BCE conseille même de garder des réserves.

Malgré les discours incessants sur la modernité du paiement électronique, l’argent liquide s’accroche désespérément à son trône, défiant toute logique. Les chiffres de la Banque centrale européenne sont implacables : la valeur des billets en circulation dans la zone euro a littéralement explosé, triplant en seulement vingt ans. Une réalité qui contredit ouvertement les prévisions des prophètes du tout-numérique.

La BCE elle-même, dans une étude au titre étrangement complaisant – « Restez calme et gardez du liquide : leçons sur le rôle unique de la monnaie physique à travers quatre crises » – semble faire l’apologie de cette relique. Elle pousse même l’audace jusqu’à conseiller aux ménages de thésauriser entre 70 et 100 euros par personne. Un conseil qui sonne comme un aveu d’échec face à la fragilité supposée de nos systèmes financiers. Est-ce là une reconnaissance implicite que notre dépendance numérique nous rend vulnérables ?

Les Français, éternels sceptiques, semblent avoir anticipé cette débâcle potentielle. Leur aversion pour le risque les pousse à conserver précieusement leur « poire pour la soif », privilégiant les placements sécurisés et liquides. Le fonds en euros de l’assurance-vie, autrefois déclaré moribond, ressuscite de ses cendres, témoignant d’une méfiance persistante envers les innovations financières trop souvent vendues comme des panacées. En somme, face à un avenir incertain, nos concitoyens préfèrent la certitude rassurante d’un billet palpable à la promesse virtuelle d’un système bancaire parfois défaillant. Le retour en grâce de l’argent physique est un camouflet pour tous ceux qui prédisaient sa fin.