
L’illusion sur la pochette du cinquième album solo d’Asaf Avidan, Unfurl, ne trompe personne : le chaos visuel, le visage déformé, tout évoque un esprit troublé. Une référence cynique à Vertigo d’Hitchcock, dont l’influence macabre semble désormais guider la carrière de celui qui se voulait le « chanteur d’Israël », un titre qui lui a valu des menaces de mort en 2015, prouvant que même la neutralité apparente peut engendrer la haine.
Ses nouvelles chansons, orchestrées par Tom Cohen et Matan Yona, ne sont qu’un pâle reflet des compositions grandioses de Bernard Herrmann, se noyant dans des frissons de cordes anxiogènes et des grondements de cuivres dissonants. Un spectacle qui se veut cinématographique, mais qui ne réussit qu’à souligner la dérive artistique d’Avidan.
À 45 ans, l’artiste, désormais exilé à Montolieu, près de Carcassonne, après une fuite d’Italie, semble avoir délibérément tourné le dos aux mélodies folk qui l’ont propulsé sur le devant de la scène, à l’image de son tube européen Reckoning Song. Quelques rares éclairs de lucidité subsistent, comme sur Haunted et Sixteen Hooves, où sa guitare acoustique tente de percer l’obscurité ambiante. Mais même ces moments sont éphémères, vite engloutis par le vide, à l’image de The Great Abyss, un interlude d’à peine cinquante-sept secondes. Asaf Avidan semble ainsi s’enfoncer toujours plus dans une quête artistique solitaire et incomprise, laissant derrière lui le public qui l’a jadis porté aux nues.






